Alibi

Imaginez que l’on sème à pas dansés quelques graines de haïku sur le sol. L’herbe tendre est tentante. Un homme vêtu d’un costume gris, foule le gazon. Attaché-case en main, il est pressé.

Il s’arrête, une voix révèle ses pensées intérieures : Il fait chaud, il déboutonne sa veste. Voilà, comme ça s’est mieux. Il s’étend. Je vais rester là… Il est bientôt rattrapé par son ombre qui l’invite à respirer, s’aérer, rêver. Les deux corps se frôlent, s’imitent, se fuient, s’abandonnent, se délient, se confondent. 

L’E.V.N.I. signe une partition chorégraphique pour deux corps (interprétée par le metteur en scène Fujio Ishimaru et Sophie Leso, sur une musique de Nicolas Arnould), ponctuée de micro-événements et de gestes du quotidien. L’esthétique découpée et colorée rappelle le haïku japonais, mais tout se joue dans la rencontre des corps qui, de réajustements fantaisistes en dérapages cocasses, finissent par ne devenir qu’un. Le spectateur croit chavirer dans un rêve éveillé qui est une invitation teintée d’humour à ne jamais cesser de s’étonner. Alibi, c’est ailleurs en latin.